jeudi, février 23, 2006

journée du 28 mars - Paris X c/ le Sida

Lors de la journée Paris X contre le sida, le film Philadelphia sera présenté. Cette projection s'inscrit dans la lignée des actions de préventions menées par l’association tout au long de l’année : participation à la marche du 1er décembre contre le sida, distribution permanente et gratuite de préservatifs au local, tenue de stand d’information et de prévention à l’université et aux Solidays…
Ce film grand public permet de proposer une première approche d’un problème que le second film, The Gift, ainsi que le débat final, permettront d’étudier sous des angles moins connus du public.
La réalisatrice nous livre des témoignages saisissants et une réflexion approfondie sur les « bugs chasers », d’une dramatique actualité. Un documentaire essentiel, qui n’a pourtant encore jamais été diffusé en France.


Philadelphia n'est pas le premier film à parler du sida (il a été tourné après de remarquables productions indépendantes comme « a long time companion »), mais c'est la première fois qu'un studio de Hollywood décide d'en faire le thème central d'un film. De ce point de vue, Philadelphia est un moment important dans l'histoire du cinéma.
Son réalisateur Jonathan Demme (Something Wild, Le Silence des Agneaux) ne souhaitait pas prêcher à des convertis, mais s'adresser à un large public. Et il y est parvenu. Non seulement Philadelphia est un succès, mais il a remporté également deux Oscars pour la bande originale du film, le très émouvant "Streets of Philadelphia" de Bruce Springsteen, et pour l'interprétation de Tom Hanks dans le rôle d'Andrew Beckett, un avocat homosexuel injustement licencié parce qu'il est atteint du sida. Denzel Washington joue le rôle d'un autre avocat - il incarne l'homme moyen - qui accepte à contre-coeur de défendre Andrew Beckett. Il apprend à surmonter ses préjugés sur la maladie, sur ceux qui la contractent et sur les homosexuels en général.
L'approche chaleureuse et humaine du réalisateur et de l'acteur principal constitue un ingrédient essentiel de la réussite du film.


Devenir séropositif volontairement, c’est la quête du "bug chaser".
Voilà le point de départ du documentaire choc "The gift" ("Le cadeau"), de Louise Hogarth, réalisé en 2002, qui met en lumière, témoignages fort à l’appui, des cas peut-être extrêmes mais réels. La réalisatrice, qui "voulait comprendre ce qui clochait dans les efforts de prévention et comment nous étions arrivés à ce point où les gens ne font plus attention", oblige la communauté gay à se regarder et à essayer de comprendre un phénomène qu’aucune enquête scientifique ne permet aujourd’hui de quantifier.
C’est à Walt Odets, psychologue gay américain respecté, auteur en 1995 du célèbre "In the shadow of the epidemic" , que la réalisatrice a demandé d’expliquer les comportements de ces « bug chaser ». Sa thèse toujours novatrice, explique que certains séronégatifs développent un complexe du survivant : "Ils se sentent aliénés à l’intérieur de leur propre communauté. Leurs peurs pourraient les faire basculer vers l’abandon de la prévention. La séropositivité reste pour eux un mystère et peut prendre un aspect attractif".
D’autres témoignages de gays séropositifs et séronégatifs pratiquant, eux, le safe sex apportent un contrepoids aux témoignages des "bug chaser". Aux Etats-Unis, les statistiques montrent que 60 % des nouveaux cas de contamination concernent de jeunes gays.
Comment est-on passé d’un souci de protection à des prises de risques revendiquées, voire au désir affiché de recevoir ou de donner le VIH ? La réalisatrice Louise Hogarth enquête sur la contamination intentionnelle par le VIH dans les communautés gays américaines où la séropositivité s'est banalisée au point de devenir la norme.
Ce documentaire ne parle pas seulement de ce qui pousse des personnes à vouloir devenir séropositives ou à transmettre le virus, mais surtout de l’éclipse de la vigilance, de la multiplication des pratiques à risque, le VIH/SIDA étant désormais perçu comme une maladie chronique que les traitements existants permettent de bien gérer. La force du film de Louise Hogarth réside dans la juxtaposition qu’elle opère entre ce monde où le discours de prévention sur le VIH a cessé d’être audible et, de l’autre côté du miroir, celui de la séropositivité.
On y voit comment avec l’Internet, le bar gay le plus vaste de la planète s’est ouvert. Les très nombreux sites de bareback permettent à chacun de penser pouvoir vivre une sexualité où le VIH/sida n’est plus un problème. Vous ne l’avez pas encore : des rencontres de séroconversion vous proposent de vous mettre en relation avec de généreux donateurs de virus – les « gift givers ». Vous ne voulez pas vous en soucier : pas de problème, puisque personne ne veut en parler. Sur les sites Internet s’organisent ainsi des rencontres plus ou moins privées où, comme dans la L. A. Sex House (club avec huit soirées par mois, qui réunissent une centaine d’hommes), le silence autour du VIH et du statut sérologique est la politique admise et demandée par tous. Dans ces lieux, ceux qui viennent sont supposés séropositifs et l’on ne veut pas savoir si ce n’est pas le cas. Un contrat tacite s’installe donc, qui renvoie chacun à son… irresponsabilité.
La force du film de Louise Hogarth réside dans la juxtaposition qu’elle opère entre ce monde où le discours de prévention sur le VIH a cessé d’être audible et, de l’autre côté du miroir, celui de la séropositivité.

DEBAT

On s’interrogera sur les enjeux de la prévention aujourd’hui par rapport à l’évolution de l’épidémie. On pourra mettre ce débat en parallèle avec les actions menées dans l’année 2004-2005 pendant laquelle le sida a été décrété grande cause nationale : quel est le bilan de cette année en France et à l’étranger ?
Quel est l’état de la contamination dans diverses minorités : femmes, toxicomanes, habitants des pays défavorisés ?
Le débat visera à interroger les lacunes des politiques menées face à l’épidémie. On tentera ainsi de cerner les causes de certains faits alarmants : les contaminations qui augmentent à l’heure actuelle, le recul de la protection au quotidien. Pour ce faire, il s’agit de mettre en regard les discours des intervenants invités lors de cette journée. Les membres d’Act Up dresseront ainsi un panorama général de l’état de la lutte contre le Sida et de la progression de l’épidémie.
La diffusion de The Gift, permet de soulever les interrogations plus précises. Thierry, membre d’Act Up interviendra ainsi pour parler du rôle sous-jacent que joue le sida dans la communauté Gay. . En effet, la "peste rose" a tout d'abord été considérée comme une maladie propre à l'homosexualité, et c'est lors de son émergence que les revendications identitaires sont devenues suffisament fortes pour faire admettre l'existence d'une identité homosexuelle. Le sida est donc fortement ancré dans l'histoire de la communauté : pour certains, malgré la lutte menée contre la maladie, le sida est devenu un élément constitutif de leur identité. L'on évoquera dans ce cadre un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur aux Etats Unis par l'organisation de soirées : la contamination volontaire, qui se veut le moyen d'être enfin un membre à part entière de la communauté homosexuelle.
Quel est l’impact de cette idéologie ?
Comment ça va chez les pédés, les femmes, les tox, les hétéros, les étrangers, les pays du sud… ?
Pourquoi les contaminations sont en augmentation ?
Pourquoi les gens ne se protègent plus (lassitude, déni) ?
Marteler les (nouvelles) pratiques à risques (le pb du relapse et du bareback par rapport à ces pratiques) et les moyens de prévention ?
D’un point de vue médical et thérapeutique, on en est où : co-infection, mutation du virus, nouvelles molécules…?...
On s'interrogera sur la représentation actuelle du sida et son éventuelle évolution depuis la fin des années 1990. Notamment l'évolution de la qualité des soins dans les hôpitaux et la prise en charge des malades au sein de services qui deviendront au fur à mesure plus spécialisés. Avec, entre autres, le concours d'Act-up Paris nous verrons dans quelle mesure la perception du sida a changé et quelle est aujourd'hui l'idée que l'opinion publique se fait de cette maladie. Il sera interréssant d'examiner l'évolution de cette perception parallèlement à la progression de la prévention et à son actuelle régression, paradoxale au vu du nombre des contaminations. On questionnera enfin la perception que les gays et lesbiennes ont de cette maladie.

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